Un verre de vin contre l’infarctus

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vin et infarctus

vin et infarctus

Le vin, meilleur rempart contre l’infarctus ? C’est ce que l’on a nommé le French Paradox. Retour sur l’explication de ce curieux phénomène.

 

Les maladies coronariennes (cardiopathies ischémiques) dont le foudroyant infarctus du myocarde, sont une cause majeure d’hospitalisation et de mortalité dans le monde. En France, c’est la seconde cause de mortalité (37 700 décès coronariens en 2008 dont près des deux-tiers d’hommes). Cette pathologie est due à d’insuffisants apports d’oxygène au muscle cardiaque (myocarde), provoqués par l’athérosclérose, à savoir des dépôts de graisse contribuant à l’obstruction des artères coronaires.

 

Moins d’accidents coronariens

 

Curieusement, malgré une alimentation relativement riche, notamment en graisses animales (viande, beurre), susceptibles de favoriser l’occlusion des artères, la France a des taux de mortalité par accidents coronariens inférieurs à ceux observés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Deux médecins, Michel de Lorgeril et Serge Renaud, ont suggéré au début des années 1990 que la consommation de vin pouvait expliquer cette différence. Ce phénomène a été baptisé French Paradox.

 

Paradoxe méditerranéen

 

On a sans doute exagéré ce French Paradox. Des pays limitrophes comme l’Italie, l’Espagne, la Suisse ont des statistiques comparables ou inférieurs à la France en matière d’accidents coronariens. Certains chercheurs préfèrent parler de paradoxe méditerranéen. Ce faisant, ils ont dessiné une voie d’explication possible : des régimes de type méditerranéen, comportant beaucoup de fruits et de légumes, des aliments riches en glucides lents (légumineuses, céréales…), graisses monoinsaturées… constitueraient une excellente prévention contre les cardiopathies. On a également avancé d’autres facteurs tels qu’une moindre consommation d’acides gras-trans (liés à l’hydrogénation des aliments type margarine), ou l’effet anti-coagulant de l’ail.

 

Alcool et bon cholestérol

 

Pour autant, de nombreuses études prouvent que l’on ne peut exclure le rôle positif de la consommation de vin dans la baisse des accidents coronariens. Comment expliquer ce phénomène ? Une première explication tient au fait que l’alcool augmente les taux de lipoprotéines de haute densité (HDL), ç-à-d.le « bon cholestérol » et donc contribue à la prévention de l’athérosclérose. L’autre piste, ce sont les substances antioxydantes naturelles présentes dans le vin, en particulier les polyphénols.

 

Des polyphénols anti-oxydation

 

Toutes les substances antioxydantes (vitamine E, caroténoïdes, polyphénols, vitamine C..) ont un effet positif sur les lipoprotéines de basse densité (LDL). Les LDL sont des particules associant lipides et protéines qui transportent le cholestérol dans le sang. Sous l’effet de l’oxydation (radicaux libres, stess oxydatif), ces lipoprotéines se transforment, et sont à l’origine de dangereuses plaques d’athérome, sources des accidents cardiaques. En bloquant les réactions d’oxydation, les antioxydants comme les polyphénols (flavonoïdes, resvératrol) présents en grande quantité dans le vin, contribuent activement à baisser le risque d’infarctus.

En déduire que la consommation d’alcool est bon pour la santé serait une absurdité, tant les dégâts associés à l’alcool (cirrhoses, cancers, morts violentes…) sont élevés. Néanmoins, de nombreux scientifiques font l’hypothèse qu’une consommation d’un à deux verres de vin par jour (moins de 20 g d’alcool) serait bénéfique. Du vin rouge de préférence, le plus riche en polyphénols.

 

Bernard Duran

 

Sources : Vins et cardiopathies ischémiques. Bernard Jacotot et Nathalie Sprung.

http://www.nsfa.asso.fr

http://www.terroirexperience.com