Réduire l’exposition des animaux aux antibiotiques est un enjeu vital… pour la santé humaine.
La surconsommation d’antibiotiques dans le monde de l’élevage (environ 50% des antibiotiques consommés) est de longue date le moyen de l’élevage intensif pour minimiser les soins aux animaux et faire du rendement.
Mais avec cet usage déraisonné sont apparus des phénomènes dits de résistance aux bactéries, ou antibiorésistance. Des bactéries passent ainsi toutes les barrières antibiotiques, avec pour conséquence de graves difficultés de traitements aux conséquences parfois mortelles. C’est le cas bien connu de Staphylococcus aureus (staphylocoque doré). Le sujet est sérieux : on estime à 25 000 le nombre de décès liés à l’antibiorésistance en Europe.
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Solutions uniques face aux infections
Ces dernières années, scientifiques et pouvoirs publics se sont mobilisés pour sauver les Céphalosporines de 3ème et 4ème génération et les Fluoroquinolones. Ces antibiotiques sont cruciaux en médecine humaine car ils sont les seules solutions face à certaines maladies infectieuses. Les pouvoirs publics ont lancé une vaste offensive pour inciter le monde de l’élevage à réduire fortement le recours à ces antibiotiques.
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De bons résultats de réduction des usages
La lutte pour la réduction de l’usage des antibiotiques dans l’élevage donne de bons résultats. L’exposition globale a diminué de 36% sur les cinq dernières années, chiffre supérieur à l’objectif public fixé. Le recours aux Céphalosporines et eaux Fluoroquinolones a également fortement chuté en 2016 avec des baisses de 70 à 80%.
On ne peut pas s’endormir pour autant sur ces lauriers. La gestion des antibiotiques doit s’envisager au niveau européen et mondial. Les bactéries sont peu sensibles aux frontières. Si l’antibiorésistance n’est pas gérée partout avec la même discipline, les efforts enregistrés en France voleront en éclats.
Maladies émergentes et zoonoses
Le dossier de l’antibiorésistance renvoie sur un autre enjeu sanitaire mondial. 60% environ des maladies humaines infectieuse connues ont une origine animale. Près des trois-quarts (70% ) des maladies émergentes ou réemergentes graves sont des maladies zoonotiques (se transmettant natuellement des animaux à l’homme et vice versa). Pour répondre à ce défi sanitaire, L’Union européenne appuie désormais une démarche dite « One Health », « Une seule santé » (pour tous les hommes et tous les animaux) afin de combattre de façon intégrée et coordonnée l’ensemble des maladies et contagions du monde animal et humain.
Katrina Lamarthe
Sources : Anses. Suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant
des antibiotiques en France en 2016
Photo : http://shoegazing.se