Face à la surexploitation des ressources marines (surpêche, pêche en eaux profondes), la politique commerciale des grandes surfaces est cruciale. D’une enseigne à l’autre, leur sens des responsabilités est très variable.
Les Français achètent 75% de leur poisson en grande distribution. Ils ne peuvent pas scruter chaque paquet de poisson surgelé, avec à la main un guide des espèces de poissons menacées. Aux enseignes de prendre la responsabilité éco-citoyenne en refusant de commercialiser des poissons surexploités (environ 87% des stocks de poissons dans le monde sont aujourd’hui surexploités), ou issus de pêches destructrices (chalutage en eaux profondes à 1000 ou 1500 m de profondeur). Le Grenadier, le Sabre noir, la Lingue bleue, l’Empereur… font partie de ces poissons d’eaux profondes.
Une enquête sur la politique des grandes enseignes
Bloom, association qui œuvre pour la conservation marine, vient de réaliser en début d’année une enquête sur la politique menée par six grandes enseignes Auchan, Carrefour, Casino, E. Leclerc, Intermarché, Système U. L’association a envoyé des questionnaires, noté les politiques d’achat menées par les groupes en fonction d’une vingtaine de critères (coopération avec une ONG, vente ou non de poissons dits « profonds »…). Parmi les bons élèves, Casino arrive en tête du classement, suivi par Carrefour, et Système U. Derniers de la classe, trois enseignes qui ont refusé de répondre aux questionnaires : Auchan, E.Leclerc, surtout Intermarché qui atteint un score proche de zéro.
Il semble que les « bonnes » enseignes (Casino, Carrefour, Système U) ne commercialisent qu’une très petite part (3%) des captures d’espèces profondes réalisées par la France chaque année (9 000 tonnes), ce qui laisse supposer que les « mauvais » distributeurs sont responsables du gros de l’exploitation dommageable des mers.
Une flotte destructrice
Pour un consommateur citoyen, le comportement d’Intermarché est plus que discutable. L’enseigne, via le groupement des Mousquetaires, possède une flotte, la Scarpêche, qui pratique le chalut en eaux profondes, la pêche la plus destructrice des milieux marins. Cette flotte serait à l’origine de 85% de la pêche française d’espèces profondes. Intermarché ne se prive pourtant pas de communiquer sur la question environnementale. L’enseigne affichait il y a quelques mois un écolabel, « pêche responsable », soumis à aucun contrôle indépendant, label qu’elle a dû supprimer de ses étals en 2012 à la suite d’une plainte pour communication trompeuse.
Bernard Duran
Source : « Têtes de gondole et queues de poisson »
Le classement 2013 des supermarchés français