Mauvaise récole de miel et fragiles abeilles

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abeille pollinisateur

abeille pollinisateurLa récolte de miel 2014 est mauvaise. En filigrane, c’est la fragilité des abeilles qui réapparaît. Et la responsabilité des pesticides de dernière génération.

 

Une nouvelle fois, la récolte de miel s’annonce désastreuse en France. Comme à la fin de l’été 2013, les apiculteurs ne parviendront même pas à engranger 15 000 tonnes de miel. Un chiffre très faible, largement insuffisant pour permettre aux apiculteurs professionnels  de gagner leur vie. Dans les années fastes (milieu des années1990), l’apiculture française affichait 32 à 33 000 tonnes de miel. A l’heure actuelle, la France, pour sa consommation, importe chaque année plus de 26 000 tonnes de miel. Un comble pour un grand pays de tradition apicole.

 

Climat détestable

 

Avec la venue à l’apiculture de nombreux amateurs, encouragés par l’engouement national pour les abeilles et les ruchers écoles, on compte 70 000 apiculteurs. Seuls, moins de 6 000 (dont 2 000 gros apiculteurs) en font leur métier.  Tous ont dû faire face à une très mauvaise année sur le plan climatique : les abeilles ne sortent pas par mauvais temps et ne récoltent donc pas ; les floraisons sont moins bien étalées dans le temps…).

 

Les méfaits de la chimie

 

Pour les apiculteurs et leur principale fédération, l’Unaf (Union nationale de l’apiculture française), le problème de fond n’est pas la météo, mais la chimie et les pesticides (dont de nombreux insecticides) utilisés massivement par les agriculteurs. Cela fait bientôt une vingtaine d’années que les apiculteurs dénoncent les méfaits des produits chimiques terriblement toxiques mis au point et commercialisés à grande échelle par les grandes firmes mondiales de la chimie phytosanitaire (Bayer, Syngenta, Monsanto…).

 

Les insecticides modernes, les néonicotinoïde

 

Depuis des années, les apiculteurs en Europe, aidés par certains scientifiques, tentent de montrer la responsabilité des générations modernes d’insecticides et d’herbicides dans la mortalité excessive des abeilles, en particulier les néonicotinoïdes, plus connus sous leurs noms commerciaux de Gaucho, Cruiser, Régent.

 

Hécatombes dans les ruches

 

Selon les régions, on assiste en effet chaque année à des hécatombes dans les ruches, avec des mortalités allant jusqu’à 30 % des colonies d’abeilles, voire davantage. L’Unaf estime que chaque année 300 000 ruches périssent. Les abeilles sont en contact permanent avec ces produits chimiques qui enrobent les semences de plantes telles que le maïs ou le tournesol et se propagent ensuite à toute la plante et à ses fleurs.

 

Substances partiellement interdites

 

Ces dernières années, la cause des apiculteurs a gagné un peu de terrain auprès des instances publiques, françaises et européennes. Courant 2013, plusieurs substances actives (imidaclopride, clothianidine, thiaméthoxam…) à la base de préparations connues (Gaucho, Cruiser, Poncho), ainsi que le fipronil (Régent) ont été partiellement interdites par l’Union européenne.

 

Mais les abeilles sont loin d’avoir vaincu les chimistes.  L’interdiction des produits mentionnés ne couvre que la période avant floraison. Les substances en cause sont  autorisées sur certaines cultures (céréales à paille semées en hiver, betteraves…), tandis que d’autres molécules (thiaclopride, acétamipride, deux néonicotinoïdes) restent librement commercialisées.

 

Les pollinisateurs et la survie

 

L’environnement agricole baigne depuis de très nombreuses années dans une chimie extrêmement toxique, fortement rémanente (dont les effets persistent dans le temps). D’éminents spécialistes ont prouvé que les abeilles étaient affectées. Or, les abeilles, comme de nombreux insectes dans la nature, contribuent de façon cruciale à la pollinisation des plantes et à la production de fruits et légumes, et donc à la survie des hommes.

 

Bernard Duran

 

Sources :

www.unaf-apiculture.info

 

Les abeilles, la planète et le citoyen. Comprendre le déclin des pollinisateurs, agir pour la biodiversité. Bernard Duran. février 2010. Editions Rue de l’échiquier.

 

Photo :  http://jecoutemaconscience.one-voice.fr