Thomas Lepeltier, philosophe défenseur des animaux

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Thomas Lepeltier« Consommer de la viande, une cruauté pour les animaux »

 

Thomas Lepeltier est l’auteur de « La révolution végétarienne » aux Editions Sciences Humaines. Selon cet historien et philosophe des sciences, on ne peut plus continuer à faire souffrir les animaux et à être cruel envers eux uniquement pour satisfaire nos habitudes de consommation. 

 

Dans votre ouvrage, vous annoncez que « demain, nous ne mangerons plus de produits d’origine animale ». Pour quelles raisons défendez-vous le végétalisme ?

 

De nos jours, on ne peut plus accepter de faire souffrir les animaux sans nécessité. Or, la consommation de viande, d’œufs ou de produits laitiers qui se fonde toujours sur des actes de cruautés envers les animaux, n’est pas essentielle à notre santé. On trouve en effet les nutriments nécessaires à notre organisme dans les légumes, les fruits, les céréales.  Pourquoi donc continuer à être cruel ?

 

A quoi pensez-vous lorsque vous évoquez la cruauté envers les animaux ?

 

La plupart des conditions d’élevage sont abominables pour les animaux. Les truies passent près de la moitié de leur vie dans des cages si petites qu’elles ne peuvent pas bouger. Pas avancer, pas reculer, pas se retourner sur elles-mêmes. Les veaux sont retirés à leur mère 24 heures après leur naissance pour que les éleveurs puissent voler le lait qui leur est destiné. Près de 80% des poules pondeuses en France sont élevées de manière industrielle, en batterie. Elles vivent entassées dans des cages minuscules où l’air est irrespirable et où elles ne voient pas la lumière du jour. Les poussins mâles, inutiles pour la ponte des œufs, sont broyés dès la naissance. Et ainsi de suite. Si quelqu’un faisait subir le même sort à un chien ou un chat, il serait poursuivi par la justice.

 

Quel regard la société porte-t-elle sur cette situation ?

 

Nous avons tous conscience que ces actes de cruauté vont à l’encontre des valeurs morales de notre société. De plus en plus de lois, au niveau européen, vont dans le sens d’un plus grand respect des animaux, reconnus comme des êtres sensibles. Mais, dans le même temps, nous sommes dans une situation de déni, voire d’indifférence vis-à-vis de la cruauté exercée sur ces animaux. Par exemple, en Bretagne, on parle davantage de l’impact de l’élevage de cochons sur l’environnement que des souffrances infligées à ces bêtes.

 

Beaucoup estiment que l’élevage est dans l’ordre des choses, que les hommes ont toujours mangé de la viande

 

La consommation de viande et des autres produits d’origine animale est avant tout une pratique culturelle. Nous pouvons donc la modifier facilement dès lors que nous décidons de ne plus être complice des abominations sur laquelle elle se fonde. Le végétalisme est ainsi la position éthique minimale de quelqu’un qui ne veut pas que l’on fasse souffrir les animaux juste pour le plaisir gustatif.

 

Les élevages bio vont-ils dans le sens d’un plus grand respect des animaux ?

 

Les élevages bio offrent des meilleures conditions de vie aux animaux. C’est donc mieux. Mais ils continuent à les exploiter et ils les envoient dans les mêmes abattoirs que les animaux des élevages industriels, de sorte que leur mise à mort risque encore d’engendrer beaucoup de souffrance. Il n’y a pas d’abattoir bio. De toute façon, pour avoir un comportement éthique il ne faut pas se contenter de changer de pratiques d’élevage, mais bel et bien de pratiques alimentaires.

 

Demain, nous serons tous végétaliens ?

 

La mobilisation en faveur des animaux ne cesse de croître depuis deux décennies. On peut ainsi espérer que les abattoirs finiront par êtres abolis, comme l’a été l’esclavage.

Certes, changer les habitudes alimentaires de toute la société ne se fera pas du jour au lendemain. Mais l’important est d’inscrire dès maintenant cette question dans le débat public, d’autant que l’approche éthique de l’alimentation va dans le sens de la protection de l’environnement (l’élevage génère des gaz à effet de serre, la pollution des eaux, de déforestations à grande échelle… Et dans le sens de la santé humaine.

 

 

« La révolution végétarienne », par Thomas Lepeltier, aux Éditions Sciences humaines. 169 pages – 12€.