L’agriculture urbaine, avec ses jardins potagers, ses ruches sur les toits, ses friches en culture, est sans doute bien davantage qu’une rêverie de citadins écologistes.
L’agriculture urbaine va-t-elle amorcer la prochaine révolution urbaine ? Beaucoup de militants écologistes y croient. Le jaillissement d’initiatives vertes dans les villes accrédite cette thèse. A Paris, va s’ouvrir une ferme de 7 000 m2 dans le XVIII° sur un toit terrasse dans le futur quartier Chapelle international. Cette ferme urbaine devrait produire en principe 50 tonnes de fruits, légumes et aromates par an. Des projets verts éclosent un peu partout dans la capitale : cultures de fraises dans des conteneurs, jardins partagés, potagers…
Une ceinture verte au Moyen-Age, des jardins ouvriers au XIX°
Paris encourage actuellement la réalisation de murs à houblon pour accompagner l’émergence de brasseries parisiennes. Et certains historiens de noter que les villes au Moyen-Age avaient leur ceinture verte et que jusqu’à la fin du XIX° siècle, il y avait une forte activité de maraîchage autour de Paris et de jardins ouvriers dans certaines villes.
A Montréal, des vignes poussent
Paris, Lyon, New-York, Montréal, Toronto, Amsterdam, Berlin, Bruxelles, Milan, Turin Dans toutes les grande villes occidentales, on assiste à l’essor d’une agriculture urbaine et à la multiplication de projets verts. A Montréal, les vignes poussent, stimulées par une solide tradition de jardins communautaires. Selon d’éminents experts, tel le professeur Olivier de Schutter (Université de Louvain), ex-rapporteur à l’Université Catholique de Louvain, « la prise en charge par les communes et les villes des questions alimentaires n’en est qu’à ses débuts ».
800 millions d’agriculteurs urbains
Des débuts déjà prometteurs : Selon la FAO, l’agriculture urbaine occupe déjà 800 millions de personnes à travers le monde. Selon l’organisation des Nations Unies, il n’y a que des bénéfices au verdissement des villes : produire et fournir des aliments à faible coût, générer des emplois, renforcer la « résilience » des villes face au changement climatique…
L’argument « massue » de l’agriculture urbaine est celui de la proximité des cultures. Notre système de production et de distribution oblige une grande partie de nos aliments à parcourir des milliers de kilomètres avant d’arriver dans notre assiette. « Si une petite partie peut être produite sur place, pourquoi se l’interdire » avancent les partisans de villes vertes.
Réconcilier les gens avec leur alimentation
Sous ses dehors « bobo-écolos », l’agriculture urbaine vient remettre en cause le modèle dominant de l’agriculture hautement intensive, centrée sur les monocultures et l’usage d’intrants (engrais et pesticides). « Les villes veulent relocaliser le système alimentaire. Aller vers des chaînes plus courtes et faire en sorte que les consommateurs puissent être en lien plus direct avec les producteurs », explique le Pr Olivier De Schutter. « Il s’agit de réconcilier les gens avec leur alimentation » estime cet universitaire.
JC Nathan
Cultiver la ville, une dynamique globale octobre 2017 Daily Science
L’agriculture urbaine peut-elle nourrir les villes. Le Monde