En créant une nouvelle catégorie d’aliments, les aliments ultratransformés, les spécialistes de la nutrition et de la santé ont focalisé l’attention sur les dérives de l’alimentation industrielle.
Les aliments ultratransformés sont en quelque sorte les plus synonymes de la malbouffe, ou mauvaise hygiène alimentaire. Ces aliments portent probablement le plus de responsabilités dans les graves pathologies liées à l’alimentation déséquilibrée.
Transformés et porteurs d’additifs
Que recouvre la dénomination ? Primo, l’aliment a été soumis à une succession de processus industriels et de transformations. Secundo, l’aliment contient de nombreux ingrédients ou additifs (conservateurs, colorants, exhausteurs de goût…). Par exemple, les céréales du petit déjeuner, les pains industriels, les viandes transformées (boulettes, nuggets, jambon…), les hamburgers, les plats préparés (surgelés ou non), pizzas industriels, soupes en poudre, sucreries, desserts lactés, confiseries, barres chocolatées, crèmes glacées, sodas et autres boissons sucrées…
La frontière peut être parfois assez fine. Par exemple, dans les fromages, les pâtes à tartiner semblent être classifiables comme aliments ultratransformés, mais pas les fromages classiques (tome, camembert…). La dénomination recouvre aussi au passage des aliments a priori considérés comme sains (steacks de soja, préparations végétales bio diverses) tout aussi transformés que les plus montrés du doigt.
Trop gras, trop salés, trop sucrés
Les défauts des aliments ultratransformés sont faciles à épingler : trop gras (notamment des graisses saturées), trop salés, trop sucrés. Avec un tel pedigree, rien d’étonnant à ce qu’ils soient les plus suspectés dans l’épidémie de grandes affections liées à l’alimentation : diabète, obésité, hypertension et autres maladies cardio-vasculaires.
Maladies coronariennes
Certaines études scientifiques ont apporté une confirmation éclatante à cette thèse. Une équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren, Inserm/Inra/université de Paris/université Paris-XIII), à partir de l’enquête NutriNet-Santé (un suivi de l’alimentation de 105 000 personnes) a montré qu’une hausse de 10% de la part d’aliments ultratransformés était corrélée à une augmentation de 13 % du risque de maladie coronarienne (infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque…) et de 11 % de celui d’accident vasculaire cérébral.
Mauvaise alimentation et mauvaise hygiène
Pour faire bon poids, ils ont observé une hausse de 12 % du risque de tumeur cancéreuse et de 15 % de la mortalité. Lire : L’alimentation industrielle, facteur de cancer. Ces travaux récents sont l’une des charges les plus impitoyables à l’encontre d’un système alimentaire qui favorise des comportements nocifs pour la santé. Cela étant, les scientifiques alertent sur des risques de biais. Les personnes ayant une mauvaise alimentation ont souvent une mauvaise hygiène de vie (pas d’exercice physique, tabac, alcool). Les aliments ultratransformés agiraient un peu comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Aurélie Laroche
Sources :