Le nouveau règlement européen Inco sur les informations sur les aliments est supposé améliorer la transparence et aider le consommateur. On est encore loin de l’optimum.
Depuis le début de l’année 2015, une nouvelle réglementation européenne baptisée Inco s’applique en matière d’information sur les aliments. Ce règlement est censé améliorer les règles d’étiquetage et aller dans le sens de la transparence. Des associations de défense des consommateurs, en particulier Foodwatch, se montrent très critiques sur cette réforme.
Lisibilité de l’étiquetage : encore des lunettes
Désormais, les mentions obligatoires sur les emballages doivent être au minimum de 0,9 mm à 1,2 mm. Le projet initial demandait une taille minimale de 3 mm pour une lecture sans difficultés, mais les industriels ont réussi à faire revoir fortement à la baisse cette exigence.
Signalétique nutritionnelle : manque de clarté
A compter de décembre 2016, les sept principales valeurs nutritionnelles – énergie, matières grasses, acides gras saturés, glucides, sucres, protéines et sel11 – devront figurer sur l’emballage (quantité pour 100 grammes ou 100 millilitres). L’idée était d’adopter un code couleur clair, tel que celui mis au point par l’agence de sécurité alimentaire britannique, la Food Standards Agency, permettant de visualiser rapidement la teneur plus ou moins élevée des nutriments à problèmes. Exemple : un point rouge pour un produit dont la teneur en sucre dépasse 12,5g pour 100g. De nouveau, l’intention de départ a été minimisée. Les industriels ont réussi à faire adopter une grille de référence plus complexe fondée sur les apports journaliers recommandés. L’information sera plus complexe et ne pourra pas être interprétée directement sous la forme « trop sucrée », « trop salée », « trop gras ».
L’échelle de valeur utilisée dans l’étiquetage imposé par Inco aboutit à des aberrations, telle celle-ci relevée par l’association Foodwatch : une indication d’apport possible de 90 g de sucre par jour alors que l’OMS préconise 50 g et voudrait orienter bientôt la norme à 25 g. Résultat : un écart de 1 à 3 entre le nouveau message des étiquettes en Europe et la norme souhaitée par la plus haute autorité en matière de santé.
Origine de la viande : aucune obligation pour les produits transformés
Avec le nouveau règlement, les indications sur l’origine de la viande sont un peu améliorées avec pour la viande de porc, mouton, chèvre, les volailles, l’obligation de mentionner, comme pour le bœuf, le lieu d’élevage et d’abattage. Mais pour les produits transformés (exemple, le saucisson), aucune mention n’est nécessaire concernant l’origine des ingrédients. L’opacité va continuer à régner concernant la véritable nature du produit vendu, avec pour circonstance aggravante, la possibilité d’apposer une mention « produit de nos régions », mention non protégée (non encadrée) par la loi !
L’image et les publicités toujours aussi trompeuses
Sous le nouveau règlement Inco, Rien n’empêche un industriel de continuer à séduire le consommateur avec des belles images de produits frais (fraises, fruits divers…) alors que le produit final n’en contient qu’une part infime. Aucune mention obligatoire n’est demandée concernant le fait que les œufs, la viande, le lait proviennent d’animaux ayant consommé des OGM. La présence d’ingrédients d’origine animale (gélatine de porc par exemple) ne doit pas être indiquée obligatoirement. Les allégations santé (argument de vente lié à un ajout de vitamines ou de minéraux par exemple) sont toujours libres, alors qu’elles induisent souvent le consommateur en erreur.
JC Nathan
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