La valeur nutritive des fruits et légumes a-t-elle baissé depuis que l’on cultive avec des engrais et que l’on recherche des hauts rendements ? En 2016, un chercheur a affirmé qu’une pomme des années1950 contenait 100 fois plus de vitamine C qu’une pomme actuelle. La déclaration fit sensation, mais l’information posait plusieurs problème.
D’une variété à l’autre
La comparaison, à cinquante ans d’écart, de la teneur en nutriments des fruits et légumes est très difficile à faire, et supposerait des outils et des mesures compatibles. Surtout, le chercheur comparait des variétés de pommes très différentes : la « Transparente de Croncel » et la « Golden delicious ». Or, la teneur en vitamines des fruits et des pommes varie grandement selon la variété.
Le temps de croissance
Divers scientifiques ne croient pas aux variations nutritionnelles liées au mode cultural. La saison, l’exposition du fruit, la variété sont des variables tout aussi importantes, selon eux. Certes, la durée de la croissance joue en faveur d’une bonne teneur nutritive. Plus le fruit ou le légume a pris du temps à grossir, plus les nutriments s’accumulent, et plus l’aliment sera « riche ». Les fertilisants, en accélérant la croissance, vont à l’encontre de ce processus.
Le bio légèrement mieux doté
Mais, selon Marie-Josèphe Amiot-Carlin, directrice adjointe de l’unité mixte de recherche nutrition Inra/ Inserm à l’université d’Aix-Marseille, l’écart nutritif entre un légume ou un fruit cultivé naturellement et son homologue, stimulé par des engrais, n’est pas si élevé que cela. A l’appui de son propos, on constate que les fruits et légumes bio sont légèrement mieux dotés en vitamines et minéraux, mais pas de façon très supérieure.
D’autres facteurs interviennent en réalité, telle la qualité intrinsèque des sols (des sols épuisés ne peuvent enrichir la plante), ou encore la fraicheur du fruit ou du légume. La question de la fraîcheur est particulièrement sensible pour une vitamine instable et thermosensible comme la vitamine C.
Aurélie Laroche
Sources : Sciences et Avenir mars 2016
www.terraeco.net
Photo : Gilles Rigoulet