Pour enrayer la chute de la production de truffe en France, une quarantaine de chercheurs (Inra, CNRS, IRD, Cirad…) mobilisent leurs ressources pour tout connaître du champignon mythique.
Au début du siècle, la France produisait une centaine de tonnes de truffes. A l’heure actuelle, la production est tombée à moins de la moitié (30 à 50 tonnes), soit à peine 50% de la consommation nationale. La France importe désormais ses truffes d’autres pays producteurs (Italie, Espagne…) et beaucoup de truffes chinoises, non sans risques de contamination des truffières en France.
Les écosystèmes truffiers
Une quarantaine de scientifiques (Inra, IRD, CNRS, Cirad, Université Montpellier 2) en collaboration avec la Fédération Française des Trufficulteurs, se sont regroupés au sein d’un projet, Systruf, afin de mieux connaître la truffe noire du Périgord (Tuber melanosporum) et les écosystèmes truffiers.
Symbiose entre la champignon et la truffe
La truffe pour se développer dépend de la symbiose avec un arbre ou une plante. C’est pour cette raison qu’elle pousse sous les chênes, noisetiers, charmes… Le système végétatif du champignon, le mycélium, rencontre les radicelles de l’arbre hôte, ce qui donne naissance à la mycorhize (organe mixte issue de la plante chlorophylienne et du mycélium). Via les mycorhizes, la truffe puise les substances dont elle a besoin pour croître. Cela donne finalement naissance à ces petites boules brun noir, de quelques dizaines de grammes. Ce produit est très recherché : la truffe du Périgord, la plus cotée, se négocie entre 500 et 800 euros le kilo.
Une bonne photosynthèse
Grâce à Systruf, on comprend mieux la symbiose entre le champignon et l’arbre. On croyait jusqu’alors que la truffe devenait rapidement indépendante de son « hôte » pour se tourner vers les ressources de la matière organique du sol. En réalité, la truffe se nourrit des sucres produits par les feuilles de l’arbre durant toute la phase de maturité. Il est donc crucial pour la truffe, que l’arbre soit en bonne santé, bien alimenté en eau. « Il faut éviter les coupes d’été des arbres, pendant la croissance de la truffe ; tout faire pour optimiser la photosynthèse (nombre d’arbres limité, cimes éclairées… », explique un chercheur de l’Inra.
La compagnie des orchidées
Parmi les autres avancées, les scientifiques ont mis en évidence le rôle d’hébergement de plantes autres que les arbres. Les orchidées par exemple, pourraient servir de plantes compagnes et favoriser la productivité des truffières. La reproduction de la truffe est également mieux comprise. On a découvert que ce champignon a une reproduction sexuée : il faut que se rencontrent un élément mâle et un femelle. Un événement pas si facile à obtenir qui peut être encouragé par le travail de la terre.
Disponibilité en eau
Dans les années qui viennent, les laboratoires veulent améliorer la disponibilité en eau des truffières et la résistance à la sècheresse de ces champignons, question d’actualité avec le changement climatique. L’objectif est bien de renouer avec une production beaucoup plus forte, comparable à celle connue il y a plus d’un siècle. A plusieurs centaines d’euros le kilo, cela peut valoir le coup.
JC Nathan
Sources : Inra
Photo: champignonscomestibles.com