Faut-il encourager la production de protéines végétales au détriment des protéines animales ? Consommer les plantes plutôt que les donner à manger aux animaux ? La question va devenir cruciale.
On oublie trop souvent cette réalité : l’essentiel des ressources agricoles mondiales est consacré à nourrir les animaux d’élevage. En termes de protéines, cette approche est très coûteuse. La production mondiale agricole récoltée est évaluée à environ 10 milliards de tonnes (chiffres 2008). Elle permet de produire 550 millions de tonnes de protéines… utilisées comme aliments pour les animaux.
La protéine animale est un luxe
Les animaux consomment 440 millions de tonnes de protéines végétales, contre 110 millions pour les humains. En retour, ils fournissent 90 millions de tonnes de protéines animales : 60 millions de tonnes de viande, 22 millions de tonnes de lait, 5,5 millions de tonnes d’œufs, 5,5 millions tonnes , 2 millions de tonnes de fromage).
On se rend bien compte que la protéine animale est un luxe. Il faut environ 10 kilos de protéines végétales pour produire un kilo de protéines de boeuf ou de mouton (ratio de 10). Pour le lait, le poisson, le poulet…. le ratio est de 2,5 à 3. La moyenne est de 5 kilos de protéines végétales pour un kilo de protéines animales. L’essentiel de ces protéines provenant du soja et du blé.
Le « gaspillage » de protéines végétales pour produire des protéines animales est moindre toutefois qu’il semblerait, car une partie des protéines végétales destinées à l’alimentation animale n’est pas consommable par l’homme (herbes, etc).
Nourrir 8,5 milliards de personnes
Les économistes qui font de la prospective estiment que l’on s’achemine vers une impasse, avec une population mondiale en forte augmentation qui va passer de 7,3 milliards de personnes (2015) à 8,5 milliards en 2030, et une consommation de viande en train de se banaliser dans toutes les régions du monde. Face à cette équation, il est urgent de réorienter les protéines végétales et leur développement à destination de l’alimentation humaine.
L’accent mis sur les protéines végétales dans l’alimentation humaine devrait s’accompagner d’une forte diversification des cultures et des modes de consommation. Actuellement, la production agricole est dominée par le blé et le soja. Mais beaucoup d’autres plantes comme les légumineuse ou les algues peuvent constituer des sources de protéines à fort voire très fort rendement. Les algues notamment sont des trésors de protéines, avec des rendements pouvant atteindre 15 à 25 tonnes de protéines par hectare et par an.
La recherche et développement agronomique devrait dans les années à venir se consacrer en grande partie à valoriser le potentiel protéinique des végétaux, nécessaire pour nourrir la planète.
JC Nathan
Source : Inra