Une série d’intoxications au Japon liées à la consommation d’un complément à base de levure de riz rouge relance une question. Celle des risques liés aux compléments alimentaires souvent pris en dehors de tout suivi médical.
Un complément alimentaire, la levure de riz rouge présenterait des risques mortels comme semble le rappeler un fait divers survenu au Japon fin mars. Une centaine d’hospitalisations et deux morts sont à déplorer suite à la commercialisation par le groupe Kobayashi Pharmaceutical (Osaka) d’un complément à base de levure de riz rouge, un type de riz fermenté par un champignon, appelé « beni koji », supposé diminuer le taux de cholestérol dans le sang.
Monacolines, famille des statines
La levure de riz rouge contient des monacolines, molécules appartenant à la famille des statines, habituellement prescrites dans le traitement de l’excès de cholestérol, compte tenu de leurs effets de régulation de l’hypercholestérolémie. L’hypercholestérolémie est un trouble du métabolisme se caractérisant par une augmentation anormale du taux de cholestérol dans le sang, plus exactement du mauvais cholestérol (LDL). Ce cholestérol s’accumule et se dépose sur les parois vasculaires ce qui augmente le risque d’athérosclérose et donc de maladies cardiovasculaires.
Atteintes musculaires et hépatiques
Pourtant, l’Anses, l’autorité de régulation en matière alimentaire, émettait les plus grandes réserves dès 2014. Elle déclarait 25 signalements d’effets indésirables (atteintes musculaires et hépatiques) apparemment liés à la consommation de levure de riz rouge. L’Agence jugeait que les compléments alimentaires contenant des monacolines pouvaient exposer les consommateurs à des risques pour la santé, notamment les populations sensibles (patients déjà traités avec des statines, patients intolérants aux statines, femmes enceintes et allaitantes, enfants et adolescents, les sujets de plus de 70 ans ou atteints de certaines pathologie, forts consommateurs de pamplemousse….
La chaîne respiratoire cellulaire
Un article scientifique paru en 2019 dans le British Medical Journal mettait en garde lui aussi contre d’éventuelles atteintes au foie par ce type de levure. Des scientifiques ont mis en évidence que les fameuses monacolines faisaient chuter le taux dans le sang d’une coenzyme (coenzyme Q10) jouant un rôle crucial dans la chaîne respiratoire cellulaire et donc dans la production d’énergie sous forme d’ATP. Soit un risque pour les tissus musculaires, très consommateurs en énergie.
En 2022, la Commission européenne adoptait une règlementation limitant à moins de 3 mg de monacoline K par jour, contre 10 mg auparavant. L’allégation de santé affirmant que « la monacoline K de la levure de riz rouge contribue au maintien d’une cholestérolémie normale » a été interdite.
Cette position intermédiaire des autorités règlementaires pose néanmoins problème, sachant que certains consommateurs s’automédicamentent avec les compléments alimentaires et peuvent franchir par erreur les seuils de sécurité.
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Katrina Lamarthe
Sources : www.liberation.fr