Des aliments dangereux en voyage, cela existe. Il faut se méfier de l’attrait de l’exotisme, certaines spécialités pouvant se révéler très toxiques et dans certains cas mortelles.
Les oeufs de poisson-globe (Philippines)
Le poisson-globe est le Fugu du Japon, un poisson qui se gonfle d’eau pour se protéger et contient de redoutables toxines (tétrodotoxine). La toxine du Fugu vient d’une bactérie présente dans une algue dont se nourrit le poisson-globe et qu’il conserve dans ses organes tout au long de sa vie. Au Japon, seuls les grands chefs experts possédant une licence le préparent en toute sécurité. Mais aux Philippines, la préparation des œufs de poisson-globe est moins encadrée.
Le manioc
Plante-racine, le manioc est cultivée dans les pays tropicaux d’Amérique du sud, d’Asie et d’Afrique. Mais cette plante contient une toxine, le glycoside cyanogène, autrement dénommé cyanure…. Le manioc doux en contient moins de 50 mg par kilogramme de poids frais, et le manioc amer, plus de 50 mg. A la cuisson, le manioc doux devient consommable. Le manioc amer suppose une préparation préalable (trempage, lessivage) pour réduire la teneur en toxines. En cas d’intoxication, les symptômes apparaissent quatre à six heures après le repas : vertiges, vomissements, malaises qui supposent une prise en charge médicale urgente.
Le casu marzu (Sardaigne, Italie)
Le casu marzu, aussi connu sous le nom de casu frazigu, est un fromage aux asticots, fermenté grâce à l’action digestive des larves de mouches. On laisse donc les mouches pondre leurs œufs dans le fromage Pecorino. Les larves digèrent les graisses, donnant au fromage une texture douce et une saveur forte. On peut voir grouiller les larves et les vers dans le fromage. On dit que les larves peuvent sauter du plat… Cependant, consommer les larves vivantes présente de sérieux risques pour la santé (réactions allergiques, intoxications bactériennes, lésions de la paroi intestinale, diarrhées sanglantes…).
La grenouille-taureau géante (Namibie)
La grenouille-taureau géante, aussi appelée ouaouaron, espèce invasive et menaçante pour les écosystèmes, peut peser de 600 g à 1 kg . On la consomme en Namibie. Mais un plat de grenouille-taureau n’est pas sans danger car elle contient de nombreuses toxines qui peuvent entraîner de graves insuffisances rénales. Certains procédés de cuisson au bois annihileraient la toxicité, mais il faut faire une grande confiance au cuistot !
Le hákarl (Islande)
Le hákarl (en islandais, requin) est une spécialité culinaire islandaise à base de requin du Groenland, inventée par les Vikings. Ce requin n’urine pas et sa chair fraîche est saturée d’acide urique et d’oxyde de triméthylamine (TMAO), une neurotoxine. Pour neutraliser cette toxine, on fait faisander la chair du requin dans le sol pendant 6 à 8 semaines et on la fait sécher entre deux et quatre mois. Ce procédé diminue la concentration en acide urique de la chair de l’animal. Puis, on retire la croûte brune de la viande et on sert la chair blanche. L’odeur d’ammoniac reste très forte et le risque de toxicité élevé.
Le tiết canh (Vietnam)
Le tiết canh (aussi appelé tiết nòng ou de tiết nòi) est une soupe traditionnelle vietnamienne, fait à base de sang cru de poulet ou de canard. Elle est aromatisée avec des herbes et des épices, servie éventuellement avec des légumes, du riz ou des nouilles. Problème, elle présente des risques importants notamment de transmission de grippe aviaire.
L’ake ou aki (Jamaïque)
L’akée ou aki (encore appelé daki, kaha, itchi), proche cousin du litchi, est le fruit emblématique de la Jamaïque. Il est riche de minéraux et de vitamines (vitamine C notamment). Le problème est que seule l’arille, une enveloppe des graines, se consomme. Les autres parties sont toxiques en raison de la présence de toxines hypoglycines A et B, en particulier dans les fruits non mûrs. L’intoxication provoque de sérieux vomissements. On parle de la maladie des vomissements de la Jamaïque.
Sannakji (Corée du Sud)
Le Sannakji est un plat coréen de jeune poulpe cru, servi tout juste découpé avec de la sauce sésame. Parfois, on sert même des bébés pieuvre encore vivants. Il semble – même si c’est sans doute exceptionnel – que les ventouses peuvent adhérer à la bouche ou à la gorge, et entraîner des risques d’étouffement.
Palourdes de sang (Shanghai, Chine)
Les palourdes de sang (Tegillarca granosa) sont des mollusques qui laissent échapper un sang de la couleur de l’hémoglobine. Ces coquillages sont très souvent porteurs de différents virus et bactéries. Leur consommation peut entraîner de graves risques d’hépatites A et E, de typhoïde ou de dysenterie. Les palourdes feraient chaque année leur lot de victimes en Chine où elles sont pourtant très appréciées.
Katrina Lamarthe
Sources : International drivers Association
Photo : Jerome Walker. Creative Commons.