Anne-Sophie Royant, vestale du petit-déjeuner

0
735
petit-déjeuner

Anne-Sophie Royant est secrétaire général d’Unijus. Unijus est l’un des membres fondateurs du Collectif du Petit-déjeuner à la française qui regroupe aujourd’hui le CNIEL, Syndilait et le Syndicat des artisans boulangers-pâtissiers du Grand Paris.

 

 

Le modèle du petit-déjeuner français est-il menacé ?

 

 

Les études des grands instituts (Credoc, Etudes Inca de l’Anses) mettent en évidence la dégradation de plusieurs indicateurs. 20% des enfants entre 3-14 ans sautent au moins une fois par semaine le petit-déjeuner.  Cette proportion monte à 40% chez les 14-17 ans et à 28% chez les 18-44 ans.

Un autre indicateur est révélateur. En 2013, seuls 30% des enfants prennent un petit-déjeuner complet (céréales, lait, fruits-jus de fruits…), contre 40% en 2007. Ces chiffres sont suffisamment significatifs pour que l’on s’en inquiète.

 

 

Comment explique-t-on cette remise en question du rituel du petit-déjeuner ?

 

 

L’une des hypothèses avancées tient aux difficultés économiques. Les chiffres montrent une plus forte détérioration de la prise de ce repas parmi les classes défavorisées, même si le coût moyen d’un petit-déjeuner n’est pas très élevé. Autre grille d’explication, l’endormissement de plus en plus tardif qui fait que l’on se réveille plus tard et que l’on n’a pas le temps de prendre son petit-déjeuner.

 

 

Pourquoi est-il si important de prendre un petit-déjeuner ?

 

 

Ce qui est important, c’est l’ensemble des apports nutritionnels. En moyenne, le petit-déjeuner contribue à 26% des apports en vitamines B, C, D et à 28% des apports en calcium. Si on ne profite pas des bénéfices du petit-déjeuner, il est peu vraisemblable que l’on parvienne à compenser ce manque d’apports avec les autres repas. Ce n’est pas un grignotage supplémentaire qui va permettre de compenser. C’est pour cette raison que le modèle des trois repas est important. Le petit-déjeuner aide à combattre les déficits observés en vitamines et en calcium.

 

 

La défense du petit-déjeuner reste une cause assez populaire en France. Comment y contribuez-vous ?

 

 

C’est un sujet qui fait consensus en France. Aussi, déployons-nous divers efforts pour pousser les pouvoirs publics à activer les outils existants d’information et de sensibilisation. Nous réalisons diverses opérations de communication (Livre blanc, Trophée du petit-déjeuner). Nous allons créer une plate-forme collaborative à destination notamment de responsables dans les collèges (intendants, professeurs, principaux) afin de créer une communauté, de la fédérer autour de diverses initiatives déjà en place (opérations pédagogiques, clubs santé…) et de multiplier les projets de sensibilisation au petit-déjeuner et à l’alimentation dans les établissements scolaires.