L’alimentation pendant un cancer est un facteur important de réussite du traitement. L’une des difficultés des traitements anticancéreux, en particulier de la chimiothérapie, réside dans les nombreux effets secondaires (douleurs, nausées, vomissements…). Ces maux s’accompagnent souvent de formes d’anorexie et de risques de dénutrition.
Altération du goût et de l’odorat
C’est tout particulièrement le cas pour les cancers dits des voies aérodigestives (bouche, gorge, œsophage, estomac, côlon). Douleurs, inflammations, aphtes… rendent difficile l’acte d’avaler. L’altération du goût et de l’odorat entraînent une perte d’appétit. Un malade sur deux déclare manger moins et présenter une modification du goût. Or, si le patient est atteint de dénutrition, son corps va être affaibli, plus vulnérable au traitement et moins combattif.
Adapter ses aliments en fonction du trouble
Les spécialistes proposent des réponses pragmatiques à ces effets pernicieux. Tout d’abord, il faut manger dans des conditions calmes, dans un endroit sans odeurs fortes autour, bien mâcher et avaler doucement. Se reposer après les repas. Il faut adapter son alimentation en fonction de chaque type de trouble. En présence de nausées ou de sentiment de dégoût, il vaut mieux éviter les aliments trop chauds, trop épicés ou à odeur forte. Il faut privilégier les aliments froids. Mieux vaut faire 4 ou 5 repas plus petits ou/et rajouter des collations.
En cas de perte du goût
En cas de perte du goût, il faut au contraire renforcer la saveur des aliments en ajoutant sel, sucre, citron ou épices; éviter de manger trop chaud (la chaleur diminue la saveur des aliments). En cas de modification du goût, oubliez momentanément vos aliments favoris si vous trouvez que leur goût a changé. Adaptez votre façon de sucrer ou de saler en fonction des variations de votre goût. En cas de goût amer ou métallique, il vaut mieux éviter les viandes rouges, le chocolat, le café… au profit de volailles (viande blanche), poissons, oeufs.
Pour les personnes atteintes d’inflammation des muqueuses (bouche, oesophage), il est recommandé de mixer les aliments, de rendre onctueux (en ajoutant sauces, crèmes, lait, laitages…), de privilégier les aliments plus fluides (crèmes, compotes, soupes enrichies….), d’éviter les aliments durs, acides, piquants.
En cas de diarrhée, mieux vaut éviter les crudités et les fruits crus, les laitages, les aliments gras, et faire une place aux carottes cuites, riz, pâtes, bananes, et boire de l’eau. A l’inverse, en cas de constipation, privilégiez les fruits et légumes, mais buvez beaucoup d’eau (1 à 1,5 litre par jour).
La dénutrition, l’ennemi à surveiller
Il faut surveiller son poids (une à deux fois par semaine) afin d’éviter la dénutrition. Une perte de 10% du poids est signe de dénutrition. Le point de référence est le poids moyen avant le traitement. S’il y a début de perte de poids, vous avez intérêt à faire davantage de petits repas et à « enrichir » les plats. Le beurre, la crème fraîche, les produits laitiers (lait entier), le fromage… sont des bons vecteurs d’enrichissement.
Il existe également une grande variété de compléments nutritionnels qui apportent des doses de protéines bienvenues (boissons lactées, crèmes dessert, boissons fruitées…). Ces compléments se prennent souvent par prises répétées et à distance des repas.
Aurélie Laroche
Sources :
Ligue nationale contre le cancer. Alimentation et cancer. Comment s’alimenter pendant les traitements? Paris : Ligue nationale contre le cancer; Nov 2010. Disponible sur www.ligue-cancer.net.
Livret « Conseils pour enrichir votre alimentation » CHU Nice 2008 réalisé par Isabelle Besnard
Photo : Dominique Faget / AFP