Suite à la catastrophe de Fukushima et la contamination persistante de l’air et de l’eau sur plusieurs centaines de km2, doit-on s’inquiéter de la présence de traces de radioactivité dans un produit comme le thé japonais ?
La radioactivité de produits alimentaires japonais ne relève pas d’un pure fantasme de sympathisant écologiste. En juin 2011, la DGCCF intercepte à Roissy un lot de 162 kg de thé vert japonais porteur d’une radioactivité de 1038 becquerels par kilo contre une norme autorisée de 500 becquerels. Le thé provient de la province de Shizuoka, première préfecture productrice au Japon. Du fait de leur feuillage persistant, bambous, théiers et abricotiers ont en effet capté des quantités importantes de radionucléides, en particulier de césium. Les nouvelles feuilles de thé présentent des traces significatives de cette contamination de l’ordre de plus de 1000 becquerels par kg de produit frais (césiums 134 + 137). Fin2011, des producteurs japonais avaient été interdits de ventes.
Contrôles des produits alimentaires
En France, la DGA (Direction Générale de l’Alimentation) et la DGCCRF (Répression des Fraudes), suivant les directives de la Commission Européenne, ont mis en place divers contrôles des produits alimentaires en provenance du Japon.L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) a conseillé de maintenir des contrôles pendant plusieurs mois, voire plusieurs années compte tenu des délais de conditionnement et de commercialisation des produits.
Radioactivité d’une infusion
Faut-il s’inquiéter d’un possible relâchement de la vigilance des autorités douanières et d’éventuelles insidieuses contaminations radioactives ? Pas en ce qui concerne le thé, semble-t-il. En effet, malgré la réalité de la contamination radioactive de certains produits japonais en 2011, le risque pour le consommateur occidental a toujours été mineur voire négligeable. Certes, le césium contenu dans des feuilles de thé exposées à un rayonnement passe massivement (à 80%) dans l’infusion, notamment parce que le thé séché concentre les radionucléides dans la matière sèche. Mais si l’on mesure la radioactivité d’une infusion de thé contaminé à 1000 becquerels par kg, on détecte environ 40 becquerels par litre, soit un niveau cinq fois inférieur à la norme autorisée (200 Bq/l).
Buveur invétéré de thé
En supposant la consommation d’un litre par jour de thé contaminé à 40 becquerels, le consommateur absorbe 0,2 millisievert (mSv) par an, et cela dans l’hypothèse d’un thé très fort. A dosage normal, l’exposition tombe à 0,1 millisievert par an. La limite autorisée pour l’exposition de la population aux rayonnements artificiels est de 1 millisievert par an. A titre d’exemple, une radiographie de poumon génère 0,3 millisievert. Il semble donc que même un buveur invétéré de thé japonais contaminé ne mettrait pas en danger sa santé.
Bernard Duran
Note : Le sievert est une unité de mesure d’équivalent de dose de radiation absorbée. 1 sievert correspond à la dose de rayonnement absorbée par un organisme vivant soumis à 1 gray (soit une dose d’énergie absorbée à laquelle l’organisme présente des signes cliniques dus aux rayonnements).
Source : www.irsn.fr