Il existe un surprenant lien entre boissons chaudes et cancer. Car boire son thé très chaud (ou sa tisane, ou son café) accroît de façon significative les risques de cancer de l’oesophage.
Les boissons très chaudes accroissent les risques d’apparition d’un cancer de l’œsophage. Les causes de ce cancer (5 445 nouveaux cas en France en 2018, dont 78 % chez l’homme) sont en premier lieu le tabac, l’alcool et le surpoids. Mais la consommation de boissons très chaudes, au-dessus de 60%, constitue elle aussi un facteur de risque.
Lire aussi : L’alimentation qui réduit le cancer
Une étude objective avec mesures précises
Diverses études au cours des années 2000 (Japon, Chine) avaient commencé à mettre en évidence une corrélation entre boissons chaudes (café, thé, maté) et cancer. L’étude parue en mars 2019 dans International Journal of Cancer a été menée sur plus de dix ans (2004-2017) dans des conditions dites « objectives » et « prospectives » avec des mesures précises de la température de la boisson. Elle a porté sur 50 045 buveurs de thé âgées de 40 à 75 ans résidant dans le nord-est de l’Iran (cohorte Golestan).
Lire : Aliments anti-cancer
Température supérieure à 60°
L’étude a mis en évidence un lien entre la consommation de thé à une température supérieure à 60 °C et le développement d’un cancer de l’œsophage. Les chercheurs ont aussi pris en compte un intervalle court entre le moment où le thé est servi et celui où il est consommé.
Avec du thé très chaud (et d’ailleurs n’importe quelle boisson très chaude), le risque de cancer est multiplié par deux. L’Agence Internationale de recherche sur le cancer a donc classé ce risque comme « Probablement cancérigène ».
Phénomènes d’inflammation
Quel mécanisme et à l’origine de ce risque ? Selon les chercheurs, les brûlures répétées entraîneraient des phénomènes d’inflammation qui affecteraient la structure ADN des cellules et accroîtraient la formation de composés cancérigènes. Une autre hypothèse est que la chaleur provoquerait une déficience de la muqueuse protectrice de l’œsophage et une plus grande vulnérabilité aux composés carcinogènes (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques – HAP-, composés N-nitroso). Les composés HAP résultent d’une combustion incomplète de matière organique.
Pour se protéger de ce risque, rien de plus simple. Il suffit de prendre des boissons moins chaudes. Encore qu’il n’est pas toujours facile de changer ses habitudes.
Katrina Lamarthe
Sources :
A prospective study of tea drinking temperature and risk of esophageal squamous cell carcinoma
Farhad Islami, Hossein Poustchi, Akram Pourshams, Masoud Khoshnia, Abdolsamad Gharavi, Farin Kamangar, Sanford M. Dawsey, Christian C. Abnet, Paul Brennan, Mahdi Sheikh, Masoud Sotoudeh, Arash Nikmanesh, Shahin Merat, Arash Etemadi, Siavosh Nasseri Moghaddam, Paul D. Pharoah, Bruce A. Ponder, Nicholas E. Day, Ahmedin Jemal, Paolo Boffetta, Reza Malekzadeh
International Journal of Cancer. 20 mars 2019