Cette chercheuse à l’Unité de Nutrition Humaine de l’Inra mène un programme sur les liens entre le comportement (activité physique et alimentaire) et la survenance de diverses pathologies. C’est dans ce cadre que vient d’être mis au point l’application eMouveRecherche, permettant de quantifier différents types d’activité physique et de mesurer les dépenses énergétiques quotidiennes.
A l’heure où l’obésité et le surpoids ne cessent de progresser dans le monde, comment se pose la question de l’équilibre entre les apports caloriques et la dépense énergétique ?
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’offre alimentaire – dans les pays développés tout au moins – est à profusion. Cette offre est faite en partie de produits gras et sucrés, hypercaloriques, très alléchants, qui incitent à manger sans faim. En effet, les aliments répondent au besoin de se nourrir mais aussi de surmonter le stress, la fatigue… Simultanément, notre mode de vie (automobile, télécommande…) nous pousse à la sédentarité, à l’inactivité physique. Il en résulte aujourd’hui une « épidémie » de cas d’obésité, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires, de certains cancers etc. dans le monde.
Dans ce contexte, à quoi répond le programme WellBeNet ?
Il s’agit de mieux comprendre les relations entre le mode de vie (sur le plan alimentaire et physique) et le fait de rester en bonne santé ou de développer des pathologies. La plupart du temps, ce type d’études est réalisé en laboratoire. Notre approche est complémentaire des études en laboratoire. Elle vise à étudier les comportements et leurs conséquences sur la santé en conditions habituelles de vie.
L’applicatif eMouveRecherche utilisé sur Smartphone permet de mesurer précisément l’activité physique et la dépense de calories quotidienne. Est-ce que cela peut aider à équilibrer son alimentation et ajuster sa dépense physique ?
L’application eMouveRecherche (téléchargeable sur Google Play http://goo.gl/SHQ0D7) mise au point par un groupe de partenaires (société Almerys, CHU G Montpied de Clermont-Ferrand, Limos et INRA Unité de Nutrition Humaine) permet d’étudier le comportement d’activité physique d’un grand nombre de personnes, en conditions de vie réelle et de façon objective.
Les smartphones collectent des données d’accélérométrie et les envoient sur une plateforme Web (ActivCollector : https://activcollector.clermont.inra.fr/ ), qui les analyse. La plateforme envoie les résultats aux utilisateurs, sur leur smartphones Ce dispositif permet une interactivité. On peut ainsi envoyer des bilans, voire des recommandations en matière d’activité physique. Cela peut aider à ajuster son comportement. Nous pensons que l’on peut en faire un outil de prévention (par exemple pour les diabétiques), ludique, personnalisé et certainement pas culpabilisant.
En parallèle de eMouveRecherche, le programme de recherche comprend deux autres volets, Nutriquantic, et EmoSens. Expliquez-nous ce qu’il en est ?
Nutriquantic vise à évaluer son profil nutritionnel compte tenu des fréquences de consommation des diverses catégories d’aliments. On va pouvoir déterminer si la consommation alimentaire d’une personne est proche ou éloignée des recommandations nutritionnelles officielles (par exemple celles du Programme National Nutrition Santé). Avec EmoSens, on souhaite étudier l’influence des émotions sur le comportement alimentaire et physique.
A lire aussi : Une application pour mesurer sa dépense physique
Pour en savoir plus : http://jobs.inra.fr/Nos-metiers/Reportages/Inside-Inra-saison-2/Inside-Inra-a-Clermont-Ferrand
Photo : Fred Marquet. La Montagne. Novembre 2014