Chlordécone, un contaminant ravageur et persistant

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chlordecone banane

Le pesticide utilisé dans les bananeraies en Guadeloupe et en Martinique dans les années 1970-1980  a ravagé de façon durable l’environnement et contaminé gravement les populations. En 2020, on continue de dresser l’inventaire des dégâts.

 

 

Le chlordécone ? « Un poison pour la terre, les animaux, les végétaux et les Hommes », voilà comment le décrit l’Inrae (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Ce pesticide organochloré utilisé par les cultivateurs antillais de bananiers pour éliminer le charançon (parasite du bananier) à la fin du XX° siècle (années 1970-1980) a gravement contaminé l’environnement. Cancérogène, perturbateur endocrinien, reprotoxique, ce contaminant pourrait être présent dans l’environnement pour un à plusieurs siècles.

 

Lire : Chlordécone, un contaminant persistant aux Antilles

 

 

Plus de 100 mg de chlordécone

 

 

L’insecticide a contaminé les sols. Il s’est répandu dans les eaux souterraines, les rivières et le littoral marin. On le retrouve dans les racines des plantes (rhizomes et tubercules). Dans les zones très polluées où l’on observe jusqu’à plus de 100 mg de chlordécone / kg de sol sec, on ne peut plus cultiver les légumes racines (igname, carotte, patate douce…). Seuls les fruits des solanées (tomates, aubergines…), des bananiers et des arbres fruitiers sont moins contaminés, du fait du mode de propagation de ce toxique.

 

Lire : La banane sans chlordécone

 

Les animaux s’intoxiquent

 

Les sols étant pollués, les animaux s’intoxiquent en broutant l’herbe. Des études ont montré qu’un bovin ingère 20 à 100 g de sol pour un kilo de fourrage (matière sèche). Des analyses faites sur des porcs élevés en plein air, ont révélé des niveaux de contaminations 70 à 80 fois la limite autorisée.

 

 

Travailleurs agricoles exposés

 

 

Dans les Antilles, neuf personnes sur dix ont dans leur organisme des résidus de ce pesticide. Pour une petite minorité (5 %), les imprégnations observées sont très élevées, au moins dix fois plus élevées que la contamination moyenne. Il s’agit pour l’essentiel de travailleurs agricoles qui furent directement exposés. Même si les liens cancer – chlordécone ne sont pas parfaitement connus, on observe que les taux d’incidence du cancer de la prostate en Guadeloupe et en Martinique (ainsi que dans d’autres îles des Caraïbes) sont parmi les plus élevés au monde.

 

 

Parcelles non polluées

 

 

La seule solution concrète mise en œuvre aujourd’hui est d’aider les éleveurs à engraisser leurs bêtes sur des parcelles non polluées et les cultivateurs à travailler des terres non polluées. Avec cet exemple dramatique de l’histoire des pesticides, on redécouvre que certaines pollutions affectent gravementn et durablement la totalité de l’environnement et les conditions de subsistance de l’homme.

 

JC Nathan

 

Sources : www.santepubliquefrance

www.inrae.fr