La ferme des 1 000 vaches est le symbole d’un élevage intensif à l’américaine, indifférent au bien-être animal. Le dirigeant de l’exploitation, Michel Welter conteste les arguments des opposants.
Sur la ferme des 1 000 vaches, à Drucat-le-Plessiel dans la Somme en Picardie, les vaches ne sont pas maltraitées, comme l’affirment les nombreux opposants aux fermes usines et à l’élevage hyper intensif. C’est la position défendue avec fermeté par le gérant de l’exploitation, Michel Welter, dans une interview à Web Agri réalisée en octobre 2017.
8,5 millions de litres par an
Etendue sur 1000 hectares, la ferme compte 860 vaches laitières (un croisement Holstein – Montbéliarde – Rouge nordique) réparties en lots de 150 vaches. Un personnel de 27 salariés gère l’exploitation et les bêtes. La production laitière moyenne est de 10 825 litres par an, soit une production annuelle sur la ferme de 8,5 millions de litres, vendue à une laiterie belge.
En France, où l’exploitation moyenne compte entre 55 et 60 vaches, le projet semble disproportionné. Mais certains observateurs citent des exploitations en Europe de 2 à 3000 vaches, ainsi que la banalisation de fermes à plusieurs centaines de vaches, comme au Danemark.
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Le bien-être d’une vache
« Le bien-être d’une vache est le même dans un troupeau de 10 vaches ou de 50 000 vaches », avance Michel Welter, gérant de l’exploitation SCL Lait Pis Carde (ferme des 1 000 vaches) pour mettre en pièces la critique majeure de la ferme des mille vaches.
Concernant le nombre des vaches, l’argument du directeur est peu classique. Il évoque l’instinct grégaire. Les vaches, herbivores chassés par les carnassiers, se sentiraient plus en sécurité dans des grands troupeaux. A l’appui de son propos, le calme apparent des animaux aux « Mille vaches ».
« Elles peuvent se coucher 14 heures par jour… »
Pour ce qui est du confort et du bien-être, les vaches sont installées dans des logettes paillées individuelles, avec un espace de 10 m2 (norme règlementaire). « Elles peuvent se coucher 14 heures par jour. C’est ça l’important », explique Michel Welter. Les vaches ne pâturent pas ? « Aller au pâturage n’est pas indispensable. Ce n’est pas ça qui va les rendre heureuses. L’important, c’est qu’elle mange de l’herbe« , explique-t-il. Un propos qui doit choquer beaucoup de défenseurs de la cause animale.
Pour le patron de la ferme-usine, les vaches à Drucat n’ont pas besoin de sortir car elles ne sont pas enfermées, à la différence des vaches de montagne, attachées dans leurs étables. Le bâtiment est vaste, ouvert, aéré…. « Les vaches sont comme à l’abri d’un grand parapluie (le toit du bâtiment) » explique le responsable.
Trois traites par jour
Les vaches qui marchent sur un terre-plein en béton ont connu des problèmes de jarret, reconnait l’exploitant, mais cela semble en partie résolu grâce à une alimentation évitant l’acidose et un suivi adapté (parage des pattes). Les vaches sont traites trois fois par jour sur un roto de traite de 50 places. Le « trois traites » a été critiqué par les associations, mais Michel Welter réfute le fait que l’animal en souffre. Les vaches sont en bonne santé, affirme-t-il. Le taux de mortalité, à l’origine élevé, a diminué et le modèle s’est stabilisé.
Mais au pays des petites exploitations familiales, le modèle « 1000 vaches » a du mal à passer.
JC Nathan
Sources :www.web-agri.fr