Emmanuel Faber, Pdg de Danone. L’une des plus grosses multinationales européennes de l’agro-alimentaire vient de nommer à sa tête un humaniste. L’esprit « social » du fondateur de Danone, Antoine Riboud continue de souffler dans une société très marketing.
Le groupe Danone pèse 22,4 milliards d’euros de chiffres d’affaires (2016). L’entreprise emploie environ 100 000 personnes et elle vend ses produits (produits laitiers, eaux minérales, biscuits, nutrition infantile…) dans 130 pays. Ce mastodonte vient de nommer à sa tête un humaniste. Emmanuel Faber a 55 ans. Visage allongé, cheveux courts et gris, sourire sincère. A l’écoute de ses propos, on a du mal à imaginer qu’il vient de prendre la tête d’une des plus grosses entreprises agro-alimentaires européennes.
Riboud et le développement durable
Emmanuel Faber est entré chez Danone il y a vingt ans, en 1997. Il a gravé les échelons un à un pour devenir directeur général en 2014, et président-directeur général au 1° décembre 2017 en remplacement de Franck Riboud, fils du fondateur de l’entreprise, Antoine Riboud. Ce dernier avait créé Danone en fusionnant en 1972 l’entreprise de verre, BSN, avec Gervais Danone. Antoine Riboud n’était pas n’importe quel patron. il fut l’un des premiers dirigeants à défendre la notion de développement durable, et il s’engagea en faveur de la réduction du temps de travail.
Chez Mère Teresa
A l’évidence, Emmanuel Faber, catholique revendiqué, tranche aussi dans le paysage gris métallisé des dirigeants d’entreprises du CAC 40. C’est la nette impression qu’ont eue les étudiants de HEC lorsqu’il a leur a parlé de son engagement dans l’humanitaire. Les futurs businessmen ont appris que le dirigeant de Danone avait passé une semaine à Delhi, dans un des centres ouverts par Mère Teresa en Inde, à faire le ménage et des pansements.
Bombay, Jakarta, Aubervilliers, Calais…
La visite à Delhi n’était ni « un coup de com », ni un coup d’essai. On a ainsi appris que cet homme « engagé » avait fréquenté de nombreux dispensaires et bidonvilles (Bombay, Nairobi, Jakarta) ou des lieux moins exotiques – mais tout autant « sociaux », un bidonville à Aubervilliers, les campements de la « Jungle » de Calais….
Justice sociale, bien-être, bio….
Emmanuel Faber tient un discours peu conventionnel dans les sphères dirigeantes : “Après toutes ces décennies de croissance, l’enjeu de l’économie, c’est la justice sociale”, a-t-il déclaré. « Il faut arrêter d’opposer d’un côté une sphère économique dans laquelle chacun ne pense qu’au profit et à son intérêt propre et, de l’autre, une sphère sociale dans laquelle on répare les dégâts ! ». Dans le domaine strictement alimentaire, il défend une approche soucieuse d’environnement, de bien-être, de bio et de traçabilité.
On se plait à imaginer que cette voix ne se taira pas dans les années à venir.