Grossesse, pourquoi le zéro alcool

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Le message du zéro alcool pendant la grossesse est difficile à faire passer. En quoi un petit verre de temps en temps pose-t-il un problème ? Les experts s’époumonent à expliquer la dangerosité du moindre verre d’alcool.

 

Grossesse et alcool sont absolument incompatibles. Les spécialistes de la santé ont du mal à faire comprendre qu’il faut interrompre toute consommation d’alcool dès l’annonce de la grossesse. Le message passe mal car il semble inutilement culpabilisant. « Le slogan zéro alcool est parfois perçu comme une injonction exagérée, culpabilisante voire infantilisante » admet l’Inserm.

 

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Puissant tératogène

 

 

La plupart des femmes enceintes et de leur entourage savent qu’il faut éviter « une cuite », mais beaucoup croient qu’on peut prendre un verre de temps en temps sans dommages. Faux, alertent les spécialistes. L’alcool est un puissant tératogène (agent susceptible de provoquer des malformations fœtales) physique et comportemental. Un seul verre survenant à un mauvais moment de la gestation, peut avoir de graves conséquences sur le développement cérébral de l’enfant à naître.

 

« Il n’existe pas d’effet de seuil pour l’exposition à l’alcool. Il est toxique tout au long du développement, précise Bruno Gonzalez, directeur de recherche Inserm. Selon les périodes concernées, cette toxicité s’exprimera différemment : c’est ce que l’on appelle la fenêtre de vulnérabilité. Mais ce n’est pas parce que l’on en prend peu qu’il n’y aura pas d’effets. »

 

Lire : L’alcool quand on est enceinte

 

Cerveau en construction

 

Tout alcool ingéré intègre le placenta et touche directement le fœtus. « Pendant les trois premiers mois de la grossesse, l’alcool peut provoquer des malformations des organes, comme le cœur ou les yeux. Et pendant le deuxième et le troisième trimestres de grossesse, le cerveau en construction est touché » explique Denis Lamblin, pédiatre et président de l’organisme de prévention contre l’alcoolisation fœtale SAF France.

 

 

Futurs handicaps

 

 

Malformations des organes, microcéphalie, retards de croissance, troubles du comportement, troubles cognitifs, retards mentaux…. Les bébés des femmes alcooliques sont les premiers touchés. Mais pas seulement ces femmes. Une femme enceinte buvant très occasionnellement expose elle-aussi son bébé à de futurs handicaps : problèmes d’attention, d’apprentissage et de mémoire, de sociabilité, déficits mentaux, etc.

 

Selon certains sondages, entre 15 et 20% des femmes enceintes ont consommé (ou vont consommer) de l’alcool. Une statistique à rapprocher avec un autre chiffre : environ 15 000 enfants sont touchés par le SAF (syndrome d’alcoolisation fœtale) en France chaque année, avec des handicaps plus ou moins profonds.

 

JC Nathan

 

Sources :

Le syndrome d’alcoolisme fœtal

Paediatr Child Health. 2002 Mar; 7(3): 181–195.