Les autorités sanitaires françaises souhaitaient organiser un « janvier sans alcool ». Les lobbies du vin et des alcools ont fait pression sur le gouvernement pour annuler cette initiative.
Une pause dans la consommation d’alcool, c’était le projet de Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique. Une initiative bien dans le champs des responsabilités de l’Agence, qui est notamment de de faire évoluer les comportements en matière de santé.
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L’expérience empruntée à d’autres pays du Dry January, période où chaque personne volontaire s’engage à ne pas boire, pouvait sembler bienvenue dans un pays où les problèmes liés à l’alcool touchent une grande partie de la population (5 millions de personnes « touchées » par l’alcool).
Ne pas inquiéter les viticulteurs
Mais les lobbies viticoles et les alcooliers ont jugé qu’il ne fallait pas « inquiéter les viticulteurs » et que la prévention vis-à-vis de l’alcool était suffisante, notamment grâce à leurs propres actions. Dès lors, pourquoi autoriser une manifestation saugrenue qui voudrait changer les rapports à l’alcool d’une partie des Français ?
Comité Champagne, l’oreille du président
Ils ont trouvé une oreille complaisante auprès du chef de l’Etat. Lors d’un déjeuner avec les co-présidents du Comité Champagne le 14 novembre dernier à Epernay, le président Macron aurait exprimé son désaccord avec le principe « sans alcool » pendant un mois. Dix jours plus tard, la sphère médiatico-politique fait circuler la nouvelle de l’abandon pur et simple de l’opération.
Abstinence totale ou pause
L’Association Nationale des Elus de la Vigne et du Vin (ANEV), lobby qui regroupe une centaine de parlementaires en France, a sonné le tocsin. Cette “promotion d’une abstinence totale en matière d’alcool et donc de vin” aurait de dangereuses répercussions économiques sur la filière viticole. L’ANPAA a expliqué que cette opération ne visait pas à décréter l’abstinence totale. Elle cherchait à aider à faire une pause dans l’alcool et à prendre conscience du rapport qu’entretient la société avec l’alcool.
Rien n’y a fait. Le gouvernement a tranché une fois encore en faveur des alcooliers et des viticulteurs. Sans doute, accorde-t-il peu de crédit aux études officielles qui martèlent depuis des années le coût en vies humaines de l’alcool : 41 000 décès évitables par an, dont 15 000 par cancer. Soit après le tabac, le produit le plus meurtrier qui soit.
JC Nathan
Sources : www.europe1.fr