Le dossier de l’oxyde d’éthylène retrouvé dans le sésame importé d’Inde a tendance au fil des mois à devenir un petit scandale sanitaire.
L’oxyde d’éthylène, ce produit désinfectant retrouvé dans du sésame et utilisé dans le secteur des épices et des graines pour éliminer divers champignons, bactéries, moisissures, contamine-t-il les consommateurs ?
Ce produit, substance cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction, a été détecté à l’automne 2020 dans du sésame importé d’Inde. On a retrouvé dans divers lots de sésame jusqu’à 186 mg/kg, alors que la limite maximale de résidus (LMR) de 0,05 mg/kg.
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Formellement interdit
Il est formellement interdit en Europe et en France, mais semble-t-il souvent utilisé par les producteurs indiens pour éliminer les risques de salmonelles, assez fréquent dans les graines de sésame. Selon l’Anses, l’agence française chargée d’évaluer les risques sanitaires, « même de très faibles niveaux d’exposition sont associés à un excès de risque de cancer ».
Les produits bio pris au piège
Curieux paradoxe du monde de la sécurité alimentaire, cette substance phytosanitaire qualifiée de biocide, n’était plus recherchée ces dernières années par les laboratoires chargés de tester la conformité des produits importés. Résultat, des grandes marques de produits bio (entre autres fournisseurs) commercialisaient depuis des mois des produits très contaminés par l’oxyde éthylène.
6500 lots de produits rappelés
Le souci est que de très nombreux produits vendus en Europe depuis des mois présentent des taux anormaux d’oxyde d’éthylène. Cela va des rillettes de thon et des sardines aux épices telles que le curcuma, le curry, le gingembre en passant par le café ou les crèmes glacées. En France, 6500 lots de produits ont été rappelés depuis l’automne 2020, estime l’ONG Foodwatch.
Une manoeuvre de la Commission européenne
Foodwatch vient de dénoncer une « manœuvre » de la Commission européenne et des pays membres visant à ne pas faire rappeler des produits qui auraient été traités avec l’oxyde d’éthylène mais qui seraient en dessous du seuil détectable. « Les produits sont contaminés ? Quelle que soit la dose, ils doivent être retirés et rappelés, un point c’est tout » admoneste l’ONG néerlandaise.
Aurélie Laroche
Sources : Foodwatch