Glyphosate, les profits avant la santé

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glyphosate et round-up

L’industrie de la chimie mondiale vient de sauver pour dix ans le gigantesque marché du glyphosate, la molécule herbicide qui entre dans la composition du Round up et de centaines d’herbicides.

 

 

 

La Commission européenne vient de donner son feu vert à l’usage du glyphosate, principal herbicide mondial, jusqu’en 2033. Lors du vote du 16 novembre 2023, 17 pays ont voté en faveur du renouvellement de l’autorisation du glyphosate,  trois ont voté contre, et sept pays (dont la France, l’Allemagne, l’Italie) se sont abstenus. Le vote « neutre » de la France a été une surprise, car Emmanuel Macron avait fait en 2017 la promesse d’interdire le glyphosate.

Cette molécule entre dans la composition de près de 750 produits herbicides utilisés par les agriculteurs comme par les jardiniers amateurs.  On estime qu’il s’en écoule 720 000 tonnes par an dans le monde.

 

Lire : Ce qu’il faut savoir sur le glyphosate

L’agriculture sans le glyphosate

 

 

Cancérogène, neurotoxique, génotoxique…

 

 

 

En avril 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’OMS, l’a classé comme cancérogène probable. Depuis quelques années, les chercheurs ont produit des centaines de rapports, relayées par les grandes agences sanitaires (Inserm…) préoccupées par les effets délétères de ce pesticide. Le glyphosate est fortement suspecté d’être tout à la fois, cancérogène, neurotoxique (portant atteinte au système cérébral), génotoxique (dommages à l’ADN), perturbateur endocrinien, etc. Ainsi, le nombre croissant de personnes atteintes d’autisme et de divers troubles neurologiques serait l’un des signes inquiétants de cette pollution chimique environnementale.

 

 

Le poids de la preuve

 

 

Mais les agences règlementaires européennes telles que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont tendance à écarter les études scientifiques alarmistes (qu’elles jugent trop peu solides), et à davantage valoriser les études scientifiques et « preuves » de non toxicité, apportées par les grands industriels. On parle d’évaluations basées sur « le poids de la preuve », le poids étant fourni par les études des industriels eux-mêmes.

 

 

Dissimulation

 

C’est en se fondant sur ce type d’approche, globalement favorable au lobby de la chimie et défavorable aux agences de santé, que la Commission européenne a redonné à l’industrie un passeport au glyphosate pour dix ans. Cette politique est largement critiquée. Des articles scientifiques et enquêtes récentes ont mis en évidence que des industriels  (entre autres Bayer, Syngenta…) avaient dissimulé aux autorités européennes diverses études prouvant des effets dommageables pour la santé de leurs produits afin d’obtenir les autorisations de mise sur le marché.

 

A l’heure où l’ensemble des sols agricoles et des cours d’eau en France et en Europe apparaissent comme gravement contaminés, les politiques sanitaire et environnementale menées par l’Europe en matière de pesticides deviennent hautement sensibles. Le message lié à l’autorisation de cet herbicide est très négatif.

 

 

JC Nathan

 

Sources : Le monde.fr

Glyphosate : entre l’Inserm et les agences réglementaires, des conclusions divergentes

Glyphosate : la Commission européenne propose de renouveler l’autorisation pour dix ans dans l’UE