Le Mercosur et l’élevage du Brésil font l’unanimité contre eux. Mouvements écologistes et syndicats paysans sont en phase, pour une fois, pour rejeter les accords de libre-échange avec les pays du Mercosur, et les importations de boeuf brésilien.
Non au Mercosur, non au boeuf brésilien. A l’automne 2024, agriculteurs et écologistes français et européens sont « raccord ». Mercosur ? Le nom du projet d’accord commercial de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Mercado Commun del Sur), à savoir le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie.
Un enjeu de 40 milliards d’euros
Le texte vise à lever les droits de douane entre les pays européens et les grands pays d’Amérique du Sud. Les enjeux commerciaux sont énormes car ils portent sur un volume d’échanges de 40 à 45 milliards d’euros (exportations et importations confondues), dont notamment des voitures, du textile, des produits agricoles (miel, riz, sucre, viandes…).
Un étau insupportable pour les agriculteurs
C’est sans doute le sujet du boeuf brésilien (160 000 tonnes en jeu) et de la volaille (180 000 tonnes) qui sont les plus sensibles pour les agriculteurs français et européens qui se sentent pris dans un étau insupportable. D’un côté, un cadre réglementaire européen très contraignant imposant des normes environnementales et sanitaires de plus en plus sévères, de l’autre une politique ouvertement libérale de l’Europe, relancée par la présidente Ursula von der Leyen.
400 millions de bêtes
A l’évidence, l’Europe ne peut pas, sans exiger de sérieuses contreparties, faciliter les économies sud-américaines et en particulier le modèle agricole brésilien, grave menace sur le plan environnemental. Le Brésil compte un cheptel de 220 millions de bovins et ambitionne de passer à 400 millions de bêtes. Le pays se classe régulièrement au rang de premier exportateur mondial de bovins, avec comme client privilégié la Chine, les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud.
Le modèle agricole brésilien, à l’origine un élevage extensif, a vu émerger des feedlots, pratiquant l’élevage intensif. Les feedlots sont des parcs d’engraissement industriels et intensifs de bovins qui concentrent plusieurs milliers de bovins par exploitation. Aux Etats-Unis, en Australie et en Afrique du Sud, certains feedlots regroupent jusqu’à 150 000 têtes de bétail ! Au Brésil, ces parcs ont été encouragés dans les années 2000 avec l’émergence de gros conglomérats exportateurs de viande.
Principale cause de déforestation
L’élevage, que ce soit pour permettre le pâturage ou pour cultiver le soja, est l’une des principales causes de déforestation de l’Amazonie Brésilienne, estime Greenpeace. Environ 80% des terres déboisées sont converties en pâtures pour le bétail. Pour des agriculteurs européens, et français, à qui l’on demande d’énormes efforts d’adaptation en matière sanitaire et environnemental, le Brésil est l’exemple même du concurrent déloyal.
Lire : La France perd ses vaches
L’Europe dit stop à la déforestation
Soja génétiquement modifié, hormones de croissance, usage intensif d’antibiotiques, recours à des pesticides interdits en Europe, coûts salariaux très inférieurs à ceux de l’Europe…. Autant de raisons de juger inacceptable la libre importation de viande bovine, comme d’ailleurs de porcs et de volailles. Sur le dossier Mercosur, et son volet brésilien, écologistes et agriculteurs sont au diapason.
JC Nathan
Sources : supervet
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