Les niveaux de consommation d’alcool chez les jeunes restent très inquiétants. La Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) appelle à la nécessité de débanaliser la consommation d’alcool.
Malgré quelques statistiques en légère amélioration par rapport à 2018, les données 2021 sur la consommation d’alcool par les jeunes sont préoccupantes. C’est l’entité en charge de coordonner l’action des pouvoirs publics contre les addictions qui l’affirme. Un ou deux chiffres montrent en effet qu’il y a toujours un petit problème.
Alcoolisation ponctuelle importante
Chez les jeunes, 44% ont déclaré une alcoolisation ponctuelle importante dans le mois précédent. 8,4% (un élève sur douze) ont une consommation régulière (au moins 10 fois dans le mois). Chez les 15 – 16 ans (élèves de troisième), on note une légère amélioration des comportements par rapport à 2018.
Publicité quotidienne
Pour les experts de la Mildeca, l’un des facteurs de cette consommation d’alcool est clairement l’exposition à la publicité. Quasiment un tiers (30,7%) des jeunes de 17 ans déclarent une exposition à la publicité pour l’alcool via Internet, de façon quotidienne ou hebdomadaire. 86% des adolescents se souviennent d’une publicité pour une boisson alcoolisée. 23% de ces jeunes ressentent l’envie de consommer ces boissons valorisées par la publicité. Diverses études établissent les corrélations entre exposition à la publicité et augmentation de la consommation d’alcool.
Or, force est de constater que la publicité à destination des jeunes, sous de multiples formes (réseaux sociaux, sites spécialisés, marketing, sponsoring, affichage, etc) ne cesse de se renforcer. L’image festive et valorisante de l’alcool est diffusée au travers de multiples canaux.
Permissivité des parents et de la société
Un autre facteur entre en ligne de compte : la permissivité des parents et de la société. Il n’est pas anodin de remarquer que selon les enquêtes, 30% des consommations d’alcool des jeunes de 17 ans ont lieu en présence des parents. L’initiation à la consommation d’alcool en famille se fait même souvent entre 5 et 10 ans Cette tolérance, sinon cet encouragement par les adultes a un prix, à savoir les multiples dommages à la santé et à l’avenir de certains jeunes.
Risques liés à l’abus d’alcool
Les risques à court terme de l’abus d’alcool sont nombreux : coma éthylique, implication dans des violences comme victime et/ou auteur, rapports sexuels non consentis, accidents de la route… Les effets sur la santé sur les jeunes gens sont probablement supérieurs à ce que l’on imagine. Le processus de maturation d’un cerveau n’est pas achevé, et il est malmené par tous les psychotropes, et tout particulièrement par l’alcool.
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Une partie des jeunes exposés et développant une addiction à l’alcool risque à l’âge adulte de cumuler tout à la fois une dépendance forte, des risques de maladies graves (cancers notamment), de graves problèmes d’intégration sociale et des états de souffrance élevée.
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Restreindre l’accès à l’alcool des jeunes
La Mildeca enjoint tous les acteurs (à commencer par les acteurs publics eux-mêmes, par les parents, etc) à se mobiliser pour retarder l’entrée précoce dans l’alcool et dans la consommation régulière. Il est crucial de restreindre l’accès à l’alcool des jeunes, leur exposition à la publicité, et de faire respecter les interdits protecteurs. Une injonction qui risque de n’être qu’un vœu pieux.
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Aurélie Laroche
Mildeca mars 2022