L’aspartame n’est peut-être pas l’agent cancérigène que l’on craignait. Mais cet édulcorant, utilisé largement dans l’alimentation industrielle et dans la pharmacie n’est pas aussi anodin que le marketing le dit.
Qui n’a eu la tentation de remplacer le sucre par un édulcorant tel que l’aspartame. Cet additif codé E 951 remplace le sucre dans plusieurs milliers d’aliments (sodas, boissons, desserts…) et dans plus de 600 produits pharmaceutiques. Son usage s’est banalisé depuis les années 1980. On estime que 200 millions de personnes dans le monde consomment de l’aspartame. A cela une bonne raison : son pouvoir sucrant est 150 à 200 fois supérieur au sucre.
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La dose journalière admissible
Qu’est-ce que l’aspartame ? Un substitut de synthèse artificiel, composé d’acide L-aspartique, d’un ester méthylique et de L-phénylalanine. A la question, cet édulcorant présente-t-il des risques pour la santé, les autorités sanitaires répondent : non, à condition de ne pas dépasser la dose journalière admissible (DJA), fixée à 2,8 grammes par jour pour un adulte de 70 kg. Il n’y aurait pas de risque, car l’exposition moyenne des consommateurs à l’aspartame se situe bien en-deçà de la DJA.
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Aucune étude incontestable
D’où vient cette suspicion ? Dans les années 2010, des études et des articles ont sévèrement mis en cause cet additif, accusé d’augmenter le risque de divers cancers (cerveau, foie…). Quelques années plus tard, les preuves de cette allégation manquent encore. Selon le site cancer-environnement, les études menées (principalement sur des souris et des rats) sur les effets cancérogènes de l’aspartame sont contradictoires. Dans l’ensemble, aucune étude incontestable n’a pu étayer ces accusations.
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Accouchement prématuré
Seconde mise en cause, une incidence de l’aspartame sur le risque d’accouchement prématuré, accusation liée à une étude menée en 2010 sur 60 000 grossesses. L’étude aurait montré un lien de causalité entre la consommation de boissons non alcoolisées contenant des édulcorants artificiels et l’accouchement prématuré. Mais cette étude a été contestée par l’autorité sanitaire européenne EFSA qui estime qu’aucun risque de cette nature n’existe.
Diabète et poids
Troisième accusation, l’aspartame , au lieu de calmer la glycémie (taux de sucre dans le sang), aggraverait les réactions insuliniques. En présence d’aspartame, le pancréas se mettrait à produire de l’insuline tout autant qu’en présence de sucre. Les aliments faussement sucrés auraient aussi l’inconvénient de ne pas générer d’effet de satiété et de maintenir l’envie du sucre. Selon de nombreux nutritionnistes, l’aspartame aggraverait le risque de diabète de type 2 et le risque de grossir.
Agressions du microbiote
Dernière attaque, l’aspartame nuirait au microbiote. Une étude menée par une université anglaise, l’Université Anglia Ruskin, a montré que les édulcorants tels que la saccharine, le sucralose et l’aspartame avaient tendance à rendre davantage pathogènes les bactéries Escherichia coli et Enterococcus faecalis présentes dans l’intestin
Au final, il est impossible de considérer l’aspartame comme un additif anodin. Dans un avis rendu en 2019, l’Anses se montre d’ailleurs très réservée sur la substitution des sucres par des édulcorants intenses, et estime nécessaires de nouvelles études sur les populations spécifiques (femmes enceintes, enfants, sujets diabétiques, consommateurs réguliers).
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JC Nathan
Source : Anses